Nous nous déplaçons, et les animaux aussi : lorsque leurs trajets croisent nos routes, ils n’ont que peu de chance face à nos véhicules. Dans certains cas, le nombre d’animaux écrasés reste anecdotiques et passe inaperçu, mais dans d’autres, en particulier pour les batraciens, les migrations synchronisées du printemps engendrent une forte mortalité sur des secteurs très localisés.
Dans ce cadre, le KARCH-GE s’implique sur différents tronçons genevois, à la fois pour sauver les amphibiens qui tentent de traverser pour rejoindre leurs sites de pontes, mais aussi pour évaluer les passages actuels et proposer des solutions concrètes quant à l’aménagement à long terme de systèmes de franchissement (passages « petite et moyenne faune »). Ci-dessous, tous les sites de conflits relevés :
Chaque année, les premiers redoux annoncent le début de la période de migration des amphibiens vers leurs sites de reproduction. Une période critique pour ces grenouilles, crapauds, salamandres et autres tritons qui meurent par milliers chaque année, aplatis sous les pneus des voitures avant d’avoir atteint leur but. Un impact non-négligeable pour des espèces qui figurent déjà parmi les plus menacées de Suisse principalement à cause de la disparition de leurs habitats.
Dans la région genevoise, une centaine de zones de conflits potentiels entre le trafic et les amphibiens ont été recensés. Certaines d’entre elles ont fait l’objet de suivis spécifiques et/ou de mesures particulières, comme la pose de barrières mobiles (route de Juvigny), la création de passages sous route (route de Monniaz, route de Loëx, route de Challex), ou la fermetures temporaires lors des migrations (chemin de l’Abérieu, chemin des Combes à Meinier).
A long terme, l’idéal est de mettre en place des mesures pérennes telles que la fermeture temporaire de tronçons ou la réalisation de passages sous-route là où elles se justifient. Ces mesures profitent d’ailleurs à toute la petite faune tout au long de l’année.
Cependant, une grande partie de ces sites n’ont jamais pu être évalués correctement, et d’autres restent peut-être encore à découvrir.
Les observations d’amphibiens, vivants ou malheureusement écrasés sont d’ailleurs des informations essentielles pour cibler les actions de sauvegarde. C’est pourquoi le KARCH-GE souhaite inviter les promeneurs à ouvrir l’œil en février-mars et à nous informer s’ils voient des crapauds ou grenouilles sur les routes du canton. Pour ce faire, il est possible d’utiliser l’application Webfauna ou d’envoyer une photo avec mention du lieu et de la date par e-mail à lise@karch-ge.ch.
Chaque année, nous suivons 4 sites sur le territoire genevois A COMPLETER
Chemin des Combes (Meinier)
Le chemin des Combes (route communale de la commune de Meinier) est suivi depuis 2013, suite au signalement de nombreux crapauds écrasés (94 en une nuit) en 2012. Ce tronçon de route et la parcelle boisée juxtaposée font parties d’un site de reproduction de batraciens d’importance nationale (OBat), nommé Haute-Seymaz (GE29).
Les amphibiens migrent de leur quartier d’hivernage, le petit bois, vers leurs sites de reproduction, la retenue de Rouelbeau et les douves du Château. Lors de ces migrations qui ont lieu au crépuscule, les animaux sont sujets à un taux de mortalité élevé, exposés à un trafic routier important du chemin des Combes. D’une part, ils sont très lents à traverser une route et d’autre part ils ont tendance à s’immobiliser à l’approche d’un véhicule.
A partir de 2013, un dispositif était mis en place de février à avril (barrières mobiles + seaux enterrés) comme mesure de protection provisoire qui a permis de sauver de nombreux amphibiens :
La particularité de ce site se montre par la présence de 2 espèces d’amphibiens prédominantes avec un très grand nombre de tritons alpestres récoltés.
Depuis 2019, le chemin des Combes est fermé à la circulation pendant 5 semaines lors des fortes migrations d’amphibiens (mi février-mi mars). Une action de sauvetage est tout de même mise en place avant la fermeture de la route et un suivi ponctuel est tout de même assuré par le KARCH-GE pour évaluer l’efficacité de la mesure.
Si vous êtes intéressé(e)s pour participer à ce sauvetage, contactez-nous pour vous inscrire afin d’assurer le bon déroulement de cette action.
Contact : lise@karch-ge.ch.
Les rapports des années 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019 sont disponibles.
Route de Juvigny (Jussy)
La route de Juvigny, route communale à Jussy, est connue depuis de nombreuses années par une mortalité importante d’amphibiens lors de la migration printanière. Successivement Pro Natura, le KARCH-GE, et l’OCAN ont participé à des actions de sauvetage, soit par transfert direct des amphibiens (2009, 2010), soit par la mise en place d’un chantier de protection (2011-2025). Ce tronçon de route et les milieux boisés environnant font partie d’un site de reproduction de batraciens d’importance nationale (OBat), nommé Dolliets (GE59).
Les amphibiens viennent de part et d’autres des bois de Jussy pour se reproduire dans l’étang des Dolliets. Une partie traverse la route de Juvigny pour rejoindre ce point d’eau.
Ainsi une barrière mobile de 400m et des seaux enterrés sont mis en place le long de la route avec l’aide d’OK-Forêt chaque année de décembre à avril comme mesure de protection provisoire depuis 2011.
L’action de sauvetage est réitérée cette année sur la route de Juvigny. Comme ce secteur a été suivi plusieurs années de suite, le passage des amphibiens a bien été étudié. Cette année, l’action se concentrera seulement sur le sauvetage des amphibiens.
La migration des amphibiens a débuté en janvier 2025 puis elle a été entrecoupée avec plusieurs périodes de refroidissement :
En 2025, 520 amphibiens ont été sauvés grâce à la mobilisation de nos bénévoles et de notre équipe.
Il est prévu la réalisation d’un passage sous-voie sur ce tronçon de route comme mesure pérenne.
Si vous êtes intéressé(e)s pour participer à ce sauvetage, contactez-nous pour vous inscrire afin d’assurer le bon déroulement de cette action.
Contact : lise@karch-ge.ch.
Les rapports des années 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020, 2021, 2022, 2023 et 2024 sont disponibles.
Chemin de l’Ecorcherie & Hauts-Crêts (Vandœuvres)
Sur la commune de Vandœuvres, le long du chemin de l’Écorcherie et du chemin des Hauts-Crêts, une cinquantaine d’amphibiens ont été trouvée écrasés ou se déplaçant sur la route en mars 2021 (données transmises par une habitante de Vandœuvres). Suite à ce constat, le KARCH-GE et une équipe de volontaires se sont mobilisés pour permettre aux amphibiens de traverser les routes sains et saufs les printemps sur ce secteur.
Après les premiers redoux de la fin de l’hiver, les amphibiens (les crapauds, les grenouilles, les tritons…) commencent leur migration de leurs sites d’hivernage vers leurs sites de reproduction.
Les soirs de migration, une équipe sur place d’une à six personnes patrouille dès la tombée de la nuit (vers 18h30) jusqu’à au moins 21h30 le long des routes et fait traverser les amphibiens à l’aide de seaux . Les amphibiens sont déplacés de l’autre côté de la route, dans leur sens de déplacement.
Depuis 2022, plus de 3700 amphibiens ont pu être sauvés.
L’action de sauvetage a également été réitérée en 2025 au chemin de l’Écorcherie, des Hauts-Crêts, et chemin Vert. La migration des amphibiens a débuté en janvier puis avec la période de refroidissement elle s’est arrêtée, a repris discrètement en février, puis plus franchement à partir du 22 février.
Au total ce sont 1349 amphibiens qui ont pu être sauvés cette année ! Un grand merci à toutes les personnes qui participent à ce sauvetage !
Si vous êtes intéressé(e)s pour participer à ce sauvetage, contactez-nous pour vous inscrire afin d’assurer le bon déroulement de cette action.
Contact : lise@karch-ge.ch.
Le rapport synthétique 2024 est disponible, la version détaillée l’est également sur demande.
Route de Vorpillaz (Cartigny)
La réserve de la Petite Grave est un site d’importance nationale pour les batraciens OBAT GE11 «La Petite Grave« . Chaque année, au printemps, des grenouilles agiles, crapauds communs, tritons palmés, tritons crêtés italiens et des tritons alpestres traversent la route de Vorpillaz (Cartigny) pour rejoindre leur lieu de reproduction. Sans mesure de protection, ils subissent une très importante mortalité à cause du trafic automobile.
A l’initiative de la commune de Cartigny, une barrière saisonnière a été mise en place par le KARCH-GE pour préserver ces populations importantes à l’échelle régionale. Des habitants de la commune et des bénévoles de Pro Natura, formés et épaulés par l’équipe du KARCH-GE se chargent chaque matin de ramasser les animaux en migration de les identifier et de les transporter de l’autre côté de la route.
Pour rappel, entre février et avril, il est préférable de ne pas emprunter en voiture la route de Vorpillaz dès la nuit tombée.
Ce sont plus de 370 amphibiens qui ont été sauvés en 2025 grâce à nos bénévoles et notre équipe !
5 sites ont été aménagés avec l’aide du Karch A COMPLETER
Route de Loëx (Bernex)
La route de Loëx (à Bernex) était chaque printemps le théatre d’une hécatombe d’amphibiens voulant rejoindre les étangs du Bois des Mouille. En 2010, 7 passages (et les barrières nécessaires) ont été aménagés sous la route pour rétablir la perméabilité de ce tronçon. En 2015 un suivi a été effectué pour évaluer l’efficacité de ces passages sous-voie. Il en ressort qu’une grande majorité des amphibiens (85%) utilisent ces passages. Seules les salamandres tachetées migrent en suivant le ruisseau des évaux et traversent en partie (50%) au sud du dispositif.
Route de Challex (Dardagny)
Lors de la conception du projet d’aménagement du Plan du Rhône, dans la commune de Dardagny, le KARCH-GE a été consulté en tant qu’expert afin de proposer des recommandations pour la création de passages à petite faune permettant de traverser la future route de Challex (RC86) déplacée. Ce secteur, récemment renaturé avec des plans d’eau pionniers et des talus bien exposés au soleil, est devenu très favorable à la microfaune genevoise. Ainsi, en ce qui concerne l’herpétofaune, le site pourrait accueillir des sonneurs à ventre jaune, des grenouilles rousses ou encore des couleuvres à collier. Il a été proposé la création d’une paroi collectrice et de 13 passages « sous voie » (voir rapport 2014).